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mardi 1 avril 2014

Lueurs poétiques de Choi Keum-nyu

Nombre de pages : 96 pages
Date de parution : 2011
Fiche du Livre

Quatrième de couverture
Dans Lueurs poétiques, la poétesse Choi Keum-nyu abandonne la tendance lyrique de ses débuts pour se mettre à la recherche d’une évidence, d’un surgissement furtif de la vraie vie. Elle cherche une illumination, non plus dans les mots, mais dans les images de son expérience quotidienne. Ainsi, elle n’hésite pas à confronter sa poésie aux aléas de la vie électronique, des ordinateurs, du clonage, mais aussi de la mode ou de la standardisation des modes de pensées. Plusieurs de ses poèmes ironisent sur le monde virtuel que les hommes se sont construits par peur du monde réel. Certains, plus nostalgiques, invitent à une réflexion sur la famille, le passé, la nature. D’autres interrogent le monde dans ce qu’il a de mystérieux, d’incompréhensible.


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Avis de Myly
Lorsque ce partenariat a été proposé sur le forum, Le Sanctuaire de la lecture, j'ai d'abord hésité à m'y inscrire. Certes, j'apprécie la poésie mais pour moi, la poésie est une écriture très personnelle dont seul l'auteur connait toutes les significations ce qui implique d'accepter de ne pas obligatoirement tout comprendre comme il le faudrait. Et j'avoue ne pas aimer ne pas tout comprendre ! Mais la culture asiatique m'attire beaucoup par son côté "exotique" pour la pauvre occidentale que je suis. Et j'ai eu raison de m'écouter et de tenter cette expérience qui s'est révélée être enrichissante et apaisante.

La première chose qui me vient à l'esprit lorsque je repense à ma lecture de ces poèmes est un sentiment de liberté. Ce que j'aime particulièrement dans la culture asiatique c'est cette relation avec la nature, cette proximité avec la terre, les éléments, les choses simples. Et dans ces poèmes, c'est ce qui se retrouve presque à chaque fois, les images impliquant les arbres, les roches, l'eau, les montagnes, le vent. Même si le début de ma découverte m'a surprise, étant assez loin de la poésie classique tout en rimes et en nombre de pieds, je me suis finalement sentie plus proche de cette poésie plus moderne et proche de nous. J'ai eu quelques coups de coeur, notamment pour tous les textes parlant de l'informatique, du monde virtuel, sujet assez original dans ce style d'écriture mais avec de vrais messages comme dans "Rencontre dans le cybermonde". Plus proche de la nature, "Dans les bras de la forêt" et "Le rêve de grossesse du printemps" sont de vraies perles de poésie. Enfin, le dernier poème ayant tiré son épingle du jeu lors de ma lecture fut "Mon corps aussi porte des codes-barres", au titre plutôt incongru mais qui, selon moi, veut montrer que la vie tourne un peu trop autour de choses futiles, à la valeur des biens et des gens, à l'argent... Tout se juge au coût alors que si nous nous affranchissons de tout cela, la vie devient plus facile.

L'auteur réussit à moderniser le concept de poésie et de culture asiatique avec des textes forts sur le monde d'aujourd'hui, tout en gardant le côté aérien et frais de la poésie s'alliant à la nature. Les mots m'ont emmenée dans des réflexions propre à ma vie, à mes désirs, à mes envies. Je ne m'attendais pas à ce style et parfois certains textes m'ont laissée dans le flou de leur signification mais cette expérience est une grande réussite.

Une petite note supplémentaire concernant les illustrations, toute en légèreté également qui habillent le livre de manière très raffinée, tout au long de la lecture.

Je conseille ce recueil aux curieux de la culture asiatique et aux amoureux des mots, tout simplement.

Un très grand merci aux éditions Sombres Rets pour cette magnifique opportunité et au forum Le Sanctuaire de la lecture pour m'avoir offert ce fabuleux voyage.


Avis de mimilli
J'ai toujours aimé la poésie mais cela faisait bien longtemps que je n'avais plus eu l'occasion d'en lire. C'est pourquoi, lorsque Le sanctuaire de la lecture a proposé un partenariat avec ce livre, j'ai sauté sur l'occasion. Mais j'étais tout de même un peu inquiète, comment chroniquer de la poésie et qui plus est, de la poésie coréenne, une première pour moi ? Mon appréhension passée, je me suis lancée dans la lecture des premiers poèmes et je dois dire que j'ai été agréablement surprise.

Ce qui m'a le plus touchée dans ce recueil, c'est la forme narrative des poèmes qui se lisent comme des petites histoires.

De nombreux thèmes sont abordés par l'auteur mais il y a une place prépondérante pour la nature qui évolue au fil des saisons et qui s'oppose en quelque sorte avec un deuxième thème très fort dans ce recueil à savoir la société moderne. Tout comme la nature semble immuable, calme et apaisante, le monde moderne, lui, nous est présenté dans son aliénation, sa rigidité et sa perversité. Ainsi, j'ai beaucoup aimé le poème "Mon corps aussi porte des codes-barres" ou encore "Vitesse 5,5" qui laisse à penser que le modernisme dans lequel nous vivons nous incite à courir sans pour autant nous faire avancer. Évocation du stress de notre vie quotidienne ? J'avoue que souvent, certains poèmes m'ont laissée perplexe. Je n'ai pu les saisir dans leur intégralité, notamment parce qu'ils sont nombreux à faire référence à la culture coréenne que je ne connais que très peu. Mais loin d'enlever du charme à ma lecture, cela m'a donné envie d'en apprendre davantage sur ce pays et sur sa littérature.

A côté de ces deux thèmes prépondérants, on croise également de très jolis poèmes sur la famille, notamment sur les parents ou encore sur des petits moments de la vie quotidienne qui donnent naissance à la contemplation ou à la méditation. Ces poèmes s'inspirant de la vie de tous les jours, ils sont le reflet de ce qu'est la poésie coréenne ; en effet, alors qu'on lit de moins en moins de poésie chez nous, en Corée, la poésie est une forme littéraire dominante. Elle se lit, se récite et s'écrit quotidiennement tout naturellement, constituant ainsi un socle solide de la culture coréenne.

Ainsi, lorsque le narrateur boit du thé sauvage, un acte tout ce qu'il y a de plus simple, il est soudain en proie à des réminiscences. Ce poème, intitulé "Boire du thé sauvage", est mon préféré. Il me rappelle l'histoire de cette petite madeleine de Proust, ou comment d'un geste banal, on peut se laisser porter à un acte plus profond, celui de la méditation.

Bref, une lecture très agréable ponctuée d'illustrations très surprenantes que je recommande à tous les amoureux de la culture asiatique, et de la poésie en général.

Un grand merci aux Editions Sombre Rets pour m'avoir fait replonger à nouveau dans un genre qui me manquait !

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